Il y a des adresses qui sentent la madeleine de Proust avant même qu’on pousse la porte. La Savonnerie Marius Fabre, à Salon-de-Provence, fait partie de celles-là. Une maison familiale, des chaudrons centenaires, l’odeur du savon chaud qui flotte dans l’air… et cette impression délicieuse de remonter le temps tout en parlant écologie, beauté et maison saine. Aujourd’hui, j’avais envie de vous emmener avec moi dans cet univers un peu hors du temps, et de vous donner mon avis (très personnel) sur cette institution du savon de Marseille.
Une maison historique qui ne joue pas la carte du musée poussiéreux
Avant d’y mettre les pieds, j’avais une petite crainte : tomber sur un « piège à touristes », tout joli en façade mais un peu creux côté authenticité. Spoiler : ce n’est pas le cas.
La savonnerie Marius Fabre, c’est une histoire de famille depuis 1900. On est à Salon-de-Provence, loin des clichés ultra-marketing : ici, pas de néons agressifs, ni de musique de supermarché. On arrive dans une cour un peu industrielle, avec ses briques, ses vieux murs, et déjà une odeur ultra réconfortante de savon et d’huile d’olive. Pas besoin d’artifice, le charme opère tout seul.
On sent vite que l’endroit a été pensé pour être visité sans perdre son âme. Le parcours permet de découvrir les ateliers, d’apercevoir les chaudrons, les blocs de savon qui sèchent, les vieux outils. Il y a même un petit musée de la savonnerie, avec des archives, des affiches d’époque, des vieilles boîtes en métal… Un vrai petit voyage dans le temps, mais sans tomber dans le côté figé : ça travaille vraiment, ça produit, ça vit.
Le vrai savon de Marseille, c’est quoi au juste ?
On voit « savon de Marseille » partout, au marché, dans les boutiques touristiques, même sur Internet à des prix défiant toute crédibilité. Mais très peu respectent la tradition. Chez Marius Fabre, on est sur une fabrication selon le véritable procédé marseillais, et ça change tout.
Leurs savons sont :
- Cuits au chaudron, pendant plusieurs jours, comme autrefois,
- À base d’huiles végétales uniquement (dont olive, coprah…),
- Sans colorant ni conservateur,
- Sans graisse animale, ce qui n’est pas toujours le cas des imitations.
On est loin des blocs flashy parfumés à la fraise chimique. Ici, les couleurs sont naturelles, les parfums discrets (ou absents pour les puristes), et surtout, la composition est courte, lisible, rassurante. Pour les peaux sensibles, c’est presque un petit paradis.
Ma visite à la savonnerie : une immersion sensorielle
La première chose qui m’a frappée en entrant dans les ateliers, c’est le silence relatif. Pas de chaîne industrielle infernale, mais des gestes, des bruits de métal, des discussions entre ouvriers. On suit le guide à travers les différentes étapes : cuisson, coulage, découpe, séchage… Et tout à coup, ce petit cube vert ou beige que l’on connaît vaguement dans la salle de bain prend une dimension presque poétique.
Le moment que j’ai préféré ? La salle où les blocs de savon sèchent tranquillement, empilés, avec cette odeur unique de propre, chaude, presque gourmande (oui, j’ai eu envie de mordre dedans, je plaide coupable). C’est bête, mais voir le savon dans cet état brut m’a donné envie de revenir à quelque chose de plus simple à la maison, de moins parfumé, moins sophistiqué, mais plus vrai.
La visite se termine bien sûr par la boutique. Mais là encore, on n’a pas l’impression d’être pris en otage. C’est joliment présenté, avec des explications, des produits à tester, des formats différents. Le plus difficile ? Ne pas tout embarquer.
Les produits que j’ai testés : mes coups de cœur (et mes bémols)
Passons aux choses concrètes : qu’est-ce que ça donne, au quotidien, dans la salle de bain et dans la maison ? J’ai testé plusieurs produits sur plusieurs semaines avant de vous en parler.
Le savon de Marseille traditionnel, en cube
C’est le basique absolu. J’en ai pris un vert (huile d’olive) et un blanc. Pour la maison, c’est un champion :
- Il nettoie tout : plan de travail, taches sur les vêtements, pinceaux de maquillage, mains après le jardinage…
- Il dure une éternité (à tel point que c’en est presque frustrant quand on aime tester des nouveautés).
- Il laisse une vraie sensation de propre, sans odeur envahissante.
Pour le corps, c’est un peu plus nuancé. Sur ma peau, qui a tendance à être sèche, je le trouve un chouïa austère en usage quotidien. Parfait pour les mains, pour le corps de temps en temps, mais j’alterne avec un savon plus crémeux. En revanche, pour les peaux sensibles qui ne supportent pas les parfums ou les compositions longues comme le bras, c’est une bénédiction.
Les savons doux parfumés
Si vous aimez les savons solides mais que vous avez besoin de quelque chose de plus cocooning qu’un cube brut, je vous conseille leurs savons parfumés. Leurs parfums ne sont pas assommants, plutôt délicats, très « Provence chic ».
Mon préféré : un savon à la fleur de cerisier, doux et féminin, pas du tout entêtant. La mousse est fine, agréable, et la peau ne tiraille pas à la sortie de la douche. On est sur quelque chose de simple et efficace, sans fioriture, mais avec un vrai plaisir d’utilisation.
Le savon noir liquide à l’huile d’olive
Petit crush maison. Si vous cherchez un produit polyvalent pour le ménage, c’est un indispensable :
- Je l’utilise pour laver le sol : résultat impeccable, sans film collant, et une odeur discrète.
- Quelques gouttes dans de l’eau chaude pour dégraisser la cuisine : miracle sur la plaque de cuisson.
- Testé aussi pour nettoyer les pinceaux et certains textiles : très efficace.
On a l’impression de revenir aux produits d’antan, mais avec la praticité d’un bidon moderne. Et surtout, on évite de collectionner dix flacons de détergents chimiques.
Les shampoings et gels douche
Côté produits pour les cheveux, j’ai trouvé ça correct mais moins marquant que le reste. Le shampoing est doux, fait bien son job, mais ne détrônera pas mes favoris pour cheveux capricieux. En revanche, pour celles et ceux qui veulent une routine très simple, avec des compositions rassurantes, ça peut être une bonne entrée en matière.
Pourquoi cette savonnerie se démarque des autres ?
Il y a aujourd’hui beaucoup de savonneries artisanales, et c’est tant mieux. Alors, qu’est-ce qui fait que Marius Fabre reste une référence, plus de 120 ans après sa création ?
- L’authenticité : ce n’est pas une marque inventée hier pour surfer sur la vague « green ». L’histoire est longue, documentée, et on le ressent.
- La cohérence : de la fabrication à la boutique, tout est centré sur le savon et les produits dérivés, sans se diluer dans mille catégories.
- L’engagement sur la composition : pas de compromis sur la qualité des matières premières, ni sur les ajouts superflus.
- L’ancrage local : la savonnerie fait vraiment partie du patrimoine de Salon-de-Provence, ce n’est pas qu’une adresse de passage.
On est loin des gros industriels qui sortent une « gamme savon de Marseille » à côté de leur gel douche fluo. Ici, le savon, c’est l’ADN, pas un argument marketing de plus.
Comment intégrer Marius Fabre dans son quotidien ?
Si vous avez envie de simplifier un peu vos produits tout en restant dans quelque chose de chic et agréable, voici quelques idées très concrètes :
- Dans la salle de bain : un cube de savon de Marseille pour les mains, un savon doux parfumé pour la douche, et éventuellement un savon sans parfum pour les peaux sensibles ou les petits bobos.
- Dans la buanderie : râpez un peu de savon de Marseille pour faire votre lessive maison (avec du bicarbonate et des cristaux de soude, par exemple). C’est économique, très efficace, et parfait pour les draps, les serviettes, le linge de maison.
- Dans la cuisine : un savon de Marseille près de l’évier, pour les mains, les taches tenaces sur les textiles, et un flacon de savon noir pour tout nettoyer sans multiplier les produits.
- Dans la valise : un petit cube de savon, et vous avez à la fois un produit pour le corps, les mains, la lingerie à laver à la main, et même certaines taches imprévues.
C’est aussi un très joli cadeau à offrir : un assortiment de savons dans une petite boîte en métal, une bouteille de savon noir avec un torchon en lin, ou un duo savon & porte-savon en bois. On reste sur quelque chose d’utile, mais qui a ce charme un peu rétro que l’on adore poser dans la salle de bain.
Est-ce que ça vaut le prix ?
Les produits Marius Fabre ne sont pas les moins chers du marché, mais ils se situent dans une fourchette très raisonnable pour de l’artisanal de qualité. Quand on compare au nombre d’utilisations (surtout pour les gros cubes de savon ou le savon noir), le rapport qualité-prix est vraiment bon.
Ce que j’apprécie, c’est que l’on n’a pas l’impression de payer pour du marketing ou un storytelling forcé. La marque communique sur son histoire, bien sûr, mais surtout sur la composition et les méthodes de fabrication. On paye pour de la matière première saine, du savoir-faire, et une durabilité qui se voit dans la salle de bain et dans la maison.
Si vous êtes habitué(e) aux gels douche de grande surface à 2 €, la différence se sentira au début. Mais si vous remplacez plusieurs produits par un seul (un savon de Marseille à la place d’un démaquillant pour pinceaux, d’un savon pour les mains, d’un produit détachant, etc.), l’équilibre se fait très vite.
Pour qui je recommande la savonnerie Marius Fabre ?
Clairement, ce n’est pas une marque « gadget » que l’on achète juste pour le look (même si leurs étiquettes vintage ont un charme fou). Je la recommande particulièrement :
- Aux peaux sensibles ou réactives, qui en ont assez des compositions interminables.
- À celles et ceux qui veulent réduire le nombre de produits dans la maison, sans renoncer à l’efficacité.
- Aux amoureux de la Provence (la vraie, pas celle des cartes postales saturées de lavande en plastique).
- À ceux qui aiment les beaux objets du quotidien : un cube de savon bien sec, posé sur une jolie coupelle, c’est presque un objet de déco.
Si vous êtes plutôt adepte de parfums très capiteux sous la douche, de gels douche aux couleurs vives et aux packagings ultra design, vous risquez de trouver ça un peu sage. Mais parfois, un peu de sobriété fait du bien, surtout quand on sait ce que l’on met sur sa peau.
Infos pratiques : visiter ou commander
Si vous passez par Salon-de-Provence, la visite de la savonnerie vaut vraiment le détour. On y apprend autant sur l’histoire de la région que sur les gestes du quotidien d’autrefois, et on ressort avec l’envie d’alléger un peu ses placards.
Pour celles et ceux qui sont loin, bonne nouvelle : la marque vend aussi en ligne. On retrouve l’essentiel des produits sur leur site, avec parfois des coffrets bien pensés pour découvrir la gamme sans se ruiner. Mon conseil : commencer par un cube de savon de Marseille, un savon noir et un savon doux parfumé, pour avoir un aperçu maison + beauté.
En sortant de la savonnerie, j’ai eu cette sensation un peu rare de m’être reconnectée à quelque chose de très simple, presque évident : se laver, nettoyer, prendre soin de soi et de sa maison avec des produits qui ont une histoire, une vraie. Pas besoin de promesses miracles, juste l’efficacité chaleureuse d’un bon vieux savon qui a traversé les générations. Et ça, dans un quotidien parfois saturé de nouveauté, c’est presque un luxe.

